Une partie des monts Ogilvie vue de la route Dempster dans le parc territorial Tombstone, au Yukon. Ces montagnes marquent l’extrémité sud des terres des Vuntut Gwitchin, les Gwich’ins qui vivent dans le territoire du Yukon.
Par Lauren-Rose Stunell
Le peuple et la langue gwich’in
Les Gwich’ins sont un peuple autochtone de langue athabaskane dont le territoire traditionnel s’étend sur les parties les plus au nord de l’île de la Tortue, depuis la région de la rivière Porcupine en Alaska jusqu’à certaines parties du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest au Canada.
Comme beaucoup d’autres groupes autochtones au Canada, les Gwich’ins vivaient en étroite relation avec la terre, dépendant de ses ressources pour leur subsistance par la chasse, la pêche et la cueillette. Le caribou, en particulier la harde de caribous de la rivière Porcupine, a joué un rôle central dans la culture et la survie des Gwich’ins, en leur fournissant de la nourriture, des vêtements, des outils, ainsi que dans les traditions et cérémonies spirituelles.
Comme beaucoup d’autres langues autochtones présentées dans notre série Découvrir des langues, la langue gwich’in est gravement menacée. Avec l’impact grandissant de la colonisation sur les communautés gwich’ins, les jeunes générations se sont tournées de plus en plus vers l’anglais pour communiquer, ce qui a entraîné un déclin rapide et déplorable du nombre de locuteurs parlant couramment le gwich’in. En 2021, il n’y avait plus que 75 locuteurs fluides du gwich’in au Yukon et 135 dans les Territoires du Nord-Ouest.
Explorer les noms de lieux gwich’ins
Dans la culture gwich’in, les noms de lieux reflètent souvent les caractéristiques naturelles, les animaux ou les événements associés à cet endroit, honorant et préservant ainsi le lien profond entre le peuple et la terre.
Les collines du Caribou ou Dineedidraii Khyidh
Les collines du Caribou, situées au nord d’Inuvik dans les Territoires du Nord-Ouest, sont connues sous le nom de Dineedidraii Khyidh en gwich’in. Plus précisément, ce nom fait référence à une région située à l’extrémité nord des collines, où le paysage semble avoir été rayé de haut en bas par d’énormes doigts. Dineedidraii signifie « égratignées » et khyidh signifie « collines ».
En été, les Gwichya Gwich’in, un peuple gwich’in qui vit en Alaska, chassaient le caribou dans cette région parce que les animaux avaient des poils courts qui ne tombaient pas. Ceci était très prisé pour la fabrication de vêtements d’hiver, car les poils pouvaient être laissés sur la peau, qu’il était possible de porter avec la fourrure à l’extérieur.
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La rivière Bell ou Chii Vee Njik Gwichoo
La rivière Bell, ou Chii Vee Njik Gwichoo, dans le nord du Yukon, se jette dans la rivière Porcupine. Comme traduction littérale, ces quatre mots en gwich’in signifient « rock-grey-creek-big » (roche-gris-crique-gros). Pouvez-vous deviner l’origine de ce nom? La rivière doit son nom à une montagne de couleur grise, ou une « grosse roche grise », qui la surplombe.
Gwi’eekajìlchit ou Tithegeh Chì’
Cette falaise proéminente située du côté est du lac Campbell, dans le parc territorial Gwich’in des Territoires du Nord-Ouest, porte deux noms en gwich’in et n’a pas de nom officiel en anglais ni en français! Gwi’eekajìlchit signifie « quelqu’un a ébréché (les marches) » et est lié à l’époque où les gens grimpaient sur la falaise pour ramasser des plumes d’aigle pour leurs flèches.
Le second nom – Tithegeh Chì’ – fait référence à l’immense volée de mouettes qui y nichait autrefois. Tithegeh signifie « mouette » et chì’ signifie « leur rocher ». Parfois, il y avait tellement de mouettes que la falaise paraissait blanche. Annie Norbert, une Aînée gwich’in, se souvient que le bruit des mouettes était si fort lorsque son père chassait le canard dans la région qu’il rendait la communication difficile.
En plus de la terre, les animaux ont aussi une grande importance dans la culture gwich’in. Utilisez l’activité de classe suivante, inspirée des animaux, qui permet aux apprenants de découvrir le shoh, l’ours noir, ainsi que la langue et la culture gwich’ins, tout en pratiquant leur langue cible.
Jii shoh diinch’uh : Ceci est un ours noir
Introduction/description
L’ours noir revêt une grande importance dans la culture gwich’in, tant pour des raisons pratiques que spirituelles. Traditionnellement, les ours noirs étaient une source importante de nourriture et de matériaux pour les Gwich’in, fournissant de la viande, de la fourrure et de la graisse, tous utilisés pour les vêtements, les outils et la subsistance pendant les longs hivers. La chasse à l’ours noir était un élément essentiel du mode de vie des Gwich’ins et exigeait une connaissance approfondie du comportement de l’animal, de ses habitudes saisonnières et de son habitat.
Cette activité encouragera les apprenants à acquérir un nouveau vocabulaire en langue gwich’in et à comprendre l’importance de l’ours noir dans la culture gwich’in. Elle les aidera à établir un lien avec la langue gwich’in d’une manière signifiante et interactive, en favorisant à la fois les compétences linguistiques et l’appréciation culturelle, alors qu’ils sont engagés dans leur langue cible. Elle s’adresse à des apprenants ayant l’âge du primaire, mais peut être adaptée et enrichie pour des publics plus âgés.
Séquence de l’activité
- Pour présenter la langue gwich’in aux jeunes apprenants, voici une chanson que plusieurs connaîtront dans leur langue maternelle ou additionnelle : Shichi’ shikoh shagwàt shikai’ (« Tête, épaules, genoux et orteils »). Les élèves seront probablement familiers avec la mélodie et capables de suivre les mouvements tout en reproduisant le vocabulaire du chanteur.
- Le Département du patrimoine culturel du Conseil tribal des Gwich’ins a créé un petit livret interactif qui raconte l’histoire et l’importance de l’ours noir en anglais et en gwich’in. Les enseignant(e)s et les éducateurs(-trices) peuvent partager l’histoire avec leurs classes et la lire ensemble à haute voix en anglais ou dans leur langue cible. Les phrases peuvent être écoutées en gwich’in.
- Les apprenants utiliseront les enseignements de l’ours pour commencer à écrire leurs propres passages sur l’importance de l’ours dans la langue cible. Cela aidera les apprenants à utiliser des mots descriptifs dans leur langue cible tout en honorant le peuple gwich’in et ses enseignements dans le cadre d’une activité interdisciplinaire.
- Organisez un cercle de partage permettant aux élèves de réfléchir et de répondre aux questions incitatives suivantes dans leur langue cible :
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- Comment dit-on « ours » en gwich’in? Comment dit-on « ours » dans d’autres langues que vous connaissez?
- Quelles sont les qualités que l’on associe aux ours dans différentes cultures? Par exemple, selon The Seven Sacred Teachings (« Les sept enseignements sacrés »), l’ours nous enseigne le courage.
- Qu’est-ce que l’ours nous apprend sur le respect de la nature et l’équilibre de la Terre?
- Quels seraient les effets sur la population d’ours si nous n’honorions pas leur territoire et si nous n’apprenions pas à connaître les peuples qui l’ont traditionnellement habité et continuent de l’habiter?
- Pour enrichir l’activité, le site web propose aussi des outils pour apprendre d’autres mots de vocabulaire en gwich’in, notamment les mois, les couleurs, les plantes, les jours de la semaine, et plus encore!
Extension pour les apprenants plus âgés
Pour les apprenants plus âgés, les enseignant(e)s en formation initiale et les éducateurs(-trices), il est possible d’approfondir l’importance de la revitalisation des langues grâce à cette vidéo de l’Alaska intitulée This day care helps an endangered language survive: Inside a Gwich’in language nest (« Cette garderie contribue à la survie d’une langue menacée : au sein d’un nid linguistique gwich’in »). La vidéo retrace l’histoire de Tanan Ch’at’oh, un centre présolaire en Alaska où les enfants sont immergés dans la langue gwich’in. La garderie, qui se qualifie elle-même de « nid linguistique », est gérée par la communauté autochtone et constitue un outil pour aider à sauver leur langue.
L’idée d’un « nid linguistique » est étroitement liée aux valeurs des programmes d’immersion que nous connaissons au Canada, en particulier l’immersion française. Comment pouvons-nous utiliser les exemples donnés dans la vidéo et appliquer les mêmes stratégies dans nos classes pour nous assurer que les élèves sont totalement immergés dans leur langue cible? Comment pouvons-nous également appliquer ces stratégies pour nous assurer que nous faisons notre part dans le cheminement vers la vérité et la réconciliation et que nous encourageons l’utilisation des langues autochtones au moyen du vocabulaire dans nos classes?