Écrit par Rochelle Guida
Dans la photo ci-dessus : La baie d’El Nido dans la province de Palawan, Philippines
La série Découvrir les langues de l’ACPLS vise à susciter l’intérêt pour le plurilinguisme et le pluriculturalisme chez les apprenants de langues, les communautés scolaires et le public. Chaque langue en vedette est explorée dans un article de blogue et accompagnée d’une activité prête à l’emploi pour les enseignants de langues. Utilisez ces activités pour promouvoir et populariser l’apprentissage des langues chez vos élèves et les aider à développer des compétences interculturelles.
L’histoire des Philippines est riche et complexe, avec des influences des cultures malaise, chinoise, espagnole et américaine1 et représentant plus de « 300 langues et dialects ». Tagalog est l’une des langues des Philippines, avec une forte présence à Manille, à Luzon et dansplusieurs îles du pays. Tagalog signifie « résident au bord de la rivière », ce qui est approprié compte tenu de l’abondance des eaux qui entourent ce beau pays.
En 1937, le gouvernement philippin a établi le tagalog comme langue officielle, mais d’autres langues parlées continuent d’exister dans le pays, notamment « le cebuano, l’ilocano, l’hiligaynon, le kinaray-a, le kapampangan et le bicolano ». Aujourd’hui, le tagalog demeure l’une des langues les plus parlées, avec environ 28 millions de locuteurs aux Philippines, et étend sa popularité en tant que « sixième langue la plus parlée » aux États-Unis.
Bien que des chercheurs aient observé de légères différences entre le filipino et le tagalog, selon les travaux de Jayson Parba, Empowering the Filipino Language Classroom: Towards Critical Pedagogy and Curriculum, il est assez courant pour les locuteurs natifs d’utiliser le tagalog ou le filipino « de manière interchangeable » pour décrire leur langue (p. 154). L’intégration de l’anglais est également populaire en tagalog, qui a été identifié comme « taglish » (Tagalog + English; mélange de tagalog et d’anglais) (p. 155). Par exemple, dire Yes po! est un signe de respect envers une personne aînée ou un individu. C’est aussi une expression taglish hautement recommandée pour les locuteurs non autochtones du tagalog lorsqu’ils reconnaissent la culture philippine hospitalière.
Caractéristiques du tagalog
Selon l’Omniglot Online Encyclopedia, le tagalog a initialement été transcrit en écriture baybayin, mais utilise maintenant l’alphabet latin. De nombreux mots du tagalog ont des liens avec « l’espagnol, l’anglais, le minnan chinois, le malais, le sanskrit, l’arabe, le tamoul, le persan, le kapampangan et d’autres langues austronésiennes ». Sans aucun doute, la langue espagnole est très présente en tagalog. En fait, les premiers dictionnaire, livre et grammaire « ont été créés par des membres du clergé espagnol pendant les 300 ans d’occupation espagnole des Philippines ». MustGo.com fournit des exemples concrets illustrant les racines du tagalog dans diverses langues à travers le monde :
Tagalog word | Borrowed from |
kabayo | Espagnol caballo « cheval » |
Kumusta? | Espagnol ¿Como está? « Comment allez-vous? » |
libró | Espagnol libro « livre » |
nars | Anglais nurse « infirmier/infirmière » |
drayber | Anglais driver « chauffeur » |
saráp | Malais sedap « délicieux » |
balità | Sanskrit berita « nouvelles » |
bundók | Kapampangan bunduk « montagne » |
Après avoir épousé mon oncle, ma nouvelle tante philippine s’est présentée comme ma Tiya, ce qui m’a beaucoup plu. Relier le mot Tiya issu du tagalog à Tía de l’espagnol m’a immédiatement familiarisée avec l’interrelation entre les deux langues. Les parents qui parlent le tagalog donnent souvent à leurs enfants des noms espagnols pour des motifs incluant « un décret espagnol du 19e siècle qui les obligeait à utiliser des noms de famille espagnols ». Les parents nommaient aussi couramment leur enfant « d’après le saint dont la fête était le jour de leur naissance ».
Enseignements clés de la culture philippine
En raison des liens historiques, culturels et linguistiques avec d’autres pays, il n’est pas surprenant que la culture philippine embrasse chaleureusement toutes les communautés. Selon une ressource élaborée par la Dre Margaret Malixi de l’Université d’État de Californie, « les Philippins ont tendance à être très accueillants, surtout envers les visiteurs occidentaux », et ils attachent de l’importance à la vie familiale et au maintien de relations pacifiques, en évitant autant que possible les conflits.
Ma Tiya Evelyn était notre modèle de référence dans le maintien de relations authentiques et aimantes avec tous les membres de la famille. Elle a été la première à sauter sur l’occasion de laver les cheveux de mon grand-père après une longue journée dans le jardin, et elle s’est toujours assurée de rire des blagues de mes grands-parents. Je ne me souviens pas d’un moment où elle ait jamais dit du mal d’un membre de sa famille ou d’un ami. Malgré la démence dont elle souffre maintenant, ma chère Tiya chante encore avec enthousiasme ses prières avec ses amis et ses sœurs et frères paroissiens, ce qui m’inspire à maintenir mes propres traditions religieuses et à devenir un meilleur être humain.
Être une bayan : Répandre la bonté dans la classe de langue additionnelle
Objectif de l’activité
L’objectif de cette activité est de promouvoir la bonté et l’empathie chez les élèves tout en leur présentant le concept de « bayanihan », une valeur philippine traditionnelle qui souligne l’importance de la communauté et de la coopération. Cette activité peut être effectuée avec n’importe quel niveau d’âge et dans n’importe quel programme, incluant les modifications de l’enseignant(e). La durée suggérée est de 30 à 40 minutes, y compris le temps de discussion.
Matériel
- Grande feuille de papier
- Marqueurs
- Fiches
Procédure
- Commencez par présenter le mot « bayan » et le concept de bayanihan à la classe. Expliquez que le bayanihan s’agit d’une valeur culturelle philippine qui met en relief l’importance de la communauté et de la coopération, souvent démontrée par des actes de bonté et d’entraide.
- Demandez aux élèves de faire un remue-méninges sur des exemples d’actes de bonté, de renforcement d’une communauté et de coopération qu’ils peuvent poser pour leurs camarades de classe, leurs enseignant(e)s ou même des étrangers. Ensuite, ils peuvent continuer à faire un remue-méninges sur des exemples plus précis relatifs à la classe de langue. Écrivez ces idées sur une grande feuille de papier. Celles-ci devraient faire l’objet d’une discussion dans la langue cible de la classe, avec l’aide de l’enseignant(e) si nécessaire. Les conventions linguistiques comme le présent peuvent être renforcées.
- Divisez la classe en équipes de deux ou en petits groupes et distribuez des fiches à chaque groupe. Demandez aux élèves d’écrire, dans la langue cible, un acte de bonté, de renforcement d’une communauté ou de coopération qu’ils aimeraient accomplir pour quelqu’un de leur groupe ou de leur classe. Précisez qu’ils devraient choisir des actes qu’il est possible de réaliser dans la salle de classe. Encouragez-les à être créatifs et réfléchis dans le contexte de la langue additionnelle. Par exemple, les élèves peuvent imaginer qu’ils sont dans la communauté linguistique cible et qu’ils doivent agir de façon appropriée tout en résolvant une tâche linguistique.
- Recueillez les fiches, mélangez-les et redistribuez-les à différents groupes. Chaque groupe devrait recevoir une carte mentionnant un acte de bonté qu’un autre groupe a noté.
- Demandez à chaque groupe d’accomplir l’acte de bonté écrit sur sa nouvelle carte. Encouragez-les à travailler ensemble et à s’entraider pour réaliser la tâche.
- Après l’activité, réunissez la classe et discutez de l’effet qu’a eu sur eux à la fois de recevoir et d’effectuer des actes de bonté. Demandez aux élèves de partager leurs réflexions sur la façon dont l’activité est liée au concept de bayanihan.
- Enfin, demandez à chaque groupe d’écrire une chose qu’ils ont apprise au sujet de la bonté et du bayanihan pendant l’activité et de la partager avec le reste de la classe. Cela pourrait faire partie du journal linguistique des élèves.
Évaluation
Observez les élèves pendant l’activité pour vous assurer qu’ils travaillent ensemble et qu’ils se soutiennent les uns les autres dans l’accomplissement de leurs tâches. Après l’activité, évaluez la qualité de leurs réflexions et la mesure dans laquelle ils ont pu relier le concept de bayanihan aux actes de bonté dans leur communauté.
Cette activité favorise non seulement les compétences linguistiques, mais aussi la sensibilisation culturelle et l’empathie. En faisant la promotion d’actes de bonté, nous pouvons aider les élèves à développer un sentiment de communauté et d’appartenance tout en inculquant des valeurs qui sont importantes dans la culture philippine.