Écrit par Rebecca Schmor
Le passé
La langue ukrainienne a une longue histoire dans le système d’éducation du Canada. Au début du 20e siècle, il y avait déjà quelque 400 écoles de langue ukrainienne en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba. Ces écoles ont aidé les communautés d’immigrants ukrainiens à préserver leur langue et leur culture, appuyées par la législation provinciale sur les écoles bilingues permettant aux écoles d’offrir un enseignement dans des langues autres que l’anglais.
Le début de la Première Guerre mondiale a intensifié les efforts d’assimilation des immigrants dans les Prairies anglophones. Les provinces ont réécrit leur législation pour faire de l’anglais la seule langue d’enseignement dans les écoles. Cela signifiait que les Ukrainiens n’étaient souvent pas autorisés à parler ukrainien à l’école. De plus, de nombreux travailleurs étaient victimes de discrimination pour avoir utilisé leur langue au travail.
Avec l’adoption de la Loi sur les langues officielles en 1969, les provinces ont modifié leur législation relative à l’éducation pour permettre à nouveau l’utilisation de langues autres que l’anglais dans l’enseignement. Cela a conduit au (r)établissement de programmes provinciaux d’enseignement de l’ukrainien en 1980, y compris dans les écoles maternelles (Sadochok), les camps d’été, les programmes de langues patrimoniales (Ridna Shkola) et les cours de langue pour adultes.
Le présent
Aujourd’hui, la langue ukrainienne continue d’être enseignée dans le cadre de divers programmes d’éducation au Canada, appuyés par des associations comme le National Ukrainian Education Council de l’Ukrainian Canadian Congress, l’Ukrainian Canadian School Branch à Toronto, et l’Ukrainian National Federation of Canada, dont les programmes s’étendent de Sudbury à Windsor et de Regina à Montréal.
Ces programmes servent également de pont entre la communauté canado-ukrainienne et les réfugiés nouvellement arrivés d’Ukraine. Les écoles bilingues ukrainiennes, autrefois menacées par les politiques d’assimilation pendant la Première Guerre mondiale, sont maintenant dans une position unique pour accueillir et soutenir les enfants et les familles fuyant la guerre russe en Ukraine.
L’avenir
La résilience de la langue ukrainienne dans le système d’éducation du Canada témoigne des efforts déployés par la communauté pour préserver son patrimoine linguistique, un élément clé de l’identité culturelle. Avec la politique du multiculturalisme au Canada – qui fonctionne sous le régime du bilinguisme officiel, qui privilégie l’anglais et le français –, il demeurera important pour les communautés d’enseignement de soutenir les langues patrimoniales comme l’ukrainien.
Ces efforts peuvent être amplifiés par les enseignant(e)s de n’importe quelle langue, qui peuvent intégrer dans leur programme l’importance de soutenir les langues patrimoniales, de résister à la perte de langues et d’exprimer l’identité culturelle par la langue. Vous trouverez des idées et des ressources pour de telles activités dans chaque article de la série Découvrir les langues de l’ACPLS, y compris la ressource pour l’ukrainien ci-dessous.
Accueillir un camarade de classe parlant l’ukrainien
Description
Cette activité est conçue pour les apprenants de n’importe quelle langue dans les cycles primaire ou intermédiaire, mais peut être adaptée pour une utilisation avec d’autres niveaux ainsi que des langues cibles spécifiques. Dans cette activité, les élèves sont invités à se préparer à accueillir un ou une camarade de classe parlant l’ukrainien en créant une affiche de bienvenue et en apprenant quelques phrases utiles en ukrainien. Ils sont également invités à partager des phrases qu’ils connaissent dans d’autres langues qu’ils sont susceptibles de parler à la maison ou d’étudier à l’école ou de façon autonome.
Cette activité est inspirée du scénario « Wanna be my buddy? ». Cette ressource, élaborée par Dre Enrica Piccardo et son équipe de recherche à l’Université de Toronto, est disponible sur une plateforme appelée LITE, financée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Pour adapter cette activité aux groupes plus âgés, il pourrait être demandé aux élèves de rédiger un courriel ou un texte de bienvenue au lieu de créer une affiche. Pour adapter cette activité à des langues cibles spécifiques, les étapes et le matériel peuvent être traduits.
Étapes
1. Création d’une affiche de bienvenue multilingue (2-3 classes)
Tout d’abord, dites aux élèves d’imaginer qu’un(e) camarade de classe nouvellement arrivé(e) de l’Ukraine se joindra à leur classe. Pour se préparer à l’accueillir, demandez aux élèves de créer une affiche de bienvenue comportant des phrases en ukrainien, ainsi que dans la langue cible et toute autre langue qu’ils connaissent. Pour ce faire, ils doivent apprendre des mots et des phrases en ukrainien. Les élèves peuvent faire des recherches en ligne ou l’enseignant(e) peut fournir des ressources telles que cette liste de vocabulaire.
2. Analyse des cognats (1 classe)
Pendant que les élèves cherchent les phrases en ukrainien, ou avant, introduisez le concept de mots apparentés, ou cognats, en demandant aux élèves de visionner cette vidéo présentant des cognats ukrainiens-anglais. Ensuite, demandez aux élèves d’analyser les cognats trouvés dans leur affiche et de discuter de ce qu’ils pourraient reconnaître dans d’autres langues (p. ex., « different » en anglais, « différent » en français et « diferente » en espagnol).
3. Analyse de faux cognats (1 classe)
Après l’étape 2, faites le lien entre le concept de cognats et la notion de faux cognats ou de « faux amis ». Demandez aux élèves de lire ce texte énumérant les faux amis entre l’anglais et l’ukrainien. Invitez les apprenants à partager de faux cognats dans d’autres langues qu’ils connaissent et de discuter de la façon dont la conscience de ces mots dans l’apprentissage d’une langue peut aider à éviter les malentendus et à améliorer la communication.
Commentaire
Se préparer à accueillir un(e) camarade de classe nouvellement arrivé(e) d’un autre pays ou issu(e) d’une autre culture encourage les élèves à agir en tant qu’ambassadeurs culturels, en développant leurs compétences de médiation interculturelle. Cela peut aussi les aider à réfléchir à leurs propres normes culturelles et à faire preuve d’empathie à l’égard des expériences de nouveaux arrivants.
L’analyse de cognats lexicaux dans différentes langues aide les élèves à accroître leur conscience métalinguistique ou leur connaissance du fonctionnement des langues. Elle permet également d’améliorer l’intercompréhension, c’est-à-dire la capacité de comprendre des parties d’une langue non familière en s’appuyant sur la connaissance d’une langue familière. Se concentrer sur les similarités linguistiques peut valider les connaissances linguistiques existantes des apprenants, ainsi que conduire à une plus grande ouverture d’esprit et à une plus forte volonté de comprendre d’autres langues, cultures et peuples.
Lecture complémentaire
Doyé, P. (2005). Intercomprehension guide for the development of language education policies in Europe: From linguistic diversity to plurilingual education. Conseil de l’Europe. https://rm.coe.int/intercomprehension/1680874594
Otwinowska, A., & Szewczyk, J. M. (2019). The more similar the better? Factors in learning cognates, false cognates and non-cognate words. International Journal of Bilingual Education and Bilingualism, 22(8), 974-991. https://doi.org/10.1080/13670050.2017.1325834
Skwarok, J. (1958). The Ukrainian settlers in Canada and their schools: With reference to government, French Canadian, and Ukrainian missionary influences, 1891-1921. Internet Archive. https://archive.org/details/ukrainiansettler00skwa/page/n9/mode/2up
Sterzuk, A. (2022). Ukrainian language schools in Western Canada were shaped by shifting settler colonial policies. The Conversation. https://theconversation.com/ukrainian-language-schools-in-western-canada-were-shaped-by-shifting-settler-colonial-policies-179710
Wong, J. (2022). As Ukrainian students arrive in Canada, experts urge schools to be welcoming, culturally informed. CBC News. https://www.cbc.ca/news/canada/students-ukraine-refugee-settlement-1.6410177