Les concepts clés et les incidences sur l’enseignement des langues
L’approche actionnelle
Le CECR inclut une vision innovante de l’utilisateur/apprenant en tant qu’« agent social », c’est-à-dire une personne qui exerce une action ou, plus simplement, qui agit avec intentionnalité pour accomplir des tâches (Bandura, 2001) dans un contexte social. Cela a marqué un changement majeur dans l’enseignement des langues, qui est passé d’un processus linéaire axé principalement sur les structures linguistiques à un processus organisé autour de la réalisation de tâches collaboratives de la vie réelle dont l’objectif premier n’est pas la langue (Conseil de l’Europe, 2021). Considérer les utilisateurs/apprenants comme des « agents sociaux » suppose de les impliquer activement dans le processus d’apprentissage et de leur permettre d’utiliser toutes leurs ressources pour accomplir une tâche. Il faut aussi reconnaître la nature sociale de l’utilisation de la langue, dans laquelle le sens est co-construit, et l’interaction sociale entre les individus dans le processus d’apprentissage. L’utilisation d’une approche actionnelle dans la planification consiste à commencer avec l’objectif final en tête – la réalisation de la tâche de la vie réelle – et à travailler à rebours par le biais d’une analyse des besoins pour aider les apprenants à acquérir les compétences nécessaires pour la réaliser.
Le schéma descriptif
Le schéma descriptif du CECR fournit un langage commun pour parler des compétences langagières globales, en décrivant ce qui est présent dans la communication de la vie réelle. Dans une situation de communication, les compétences générales sont combinées à des compétences langagières (c.-à-d. linguistiques, sociolinguistiques et pragmatiques). Les utilisateurs/apprenants font appel à leurs compétences dans diverses conditions et contraintes pour s’engager dans des activités langagières tout en utilisant des stratégies pour accomplir des tâches (Conseil de l’Europe, 2021).
Les activités et les stratégies langagières sont présentées selon quatre modes de communication dans le CECR : la réception, la production, l’interaction et la médiation. L’approche actionnelle est ce qui donne vie au schéma descriptif du CECR.
Les niveaux communs de référence
Ce CECR organise les compétences linguistiques en six niveaux dans trois catégories : utilisateur élémentaire (A1 et A2), utilisateur indépendant (B1 et B2) et utilisateur expérimenté (C1 et C2). Ces niveaux servent de point de référence commun pour les enseignants et les apprenants de langues. Par exemple, il existe une compréhension commune dans le monde entier de ce qu’une personne peut faire dans une langue au niveau A2.
Utilisateur élémentaire
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Utilisateur indépendant
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Utilisateur expérimenté
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A1 A2 |
B1 B2 |
C1 C2 |
Les descripteurs illustratifs
Les niveaux communs de référence sont définis par les descripteurs illustratifs du CECR, organisés en échelles pour chacun des modes de communication (réception, production, interaction et médiation). Les descripteurs illustratifs montrent ce qu’un utilisateur/apprenant peut typiquement faire à un niveau donné, apportant ainsi une perspective d’atout à l’enseignement des langues. Pour cette raison, les descripteurs sont souvent appelés des descripteurs « Je peux (faire) ». Il s’agit d’exemples ouverts et incomplets qui ne sont pas censés être obligatoires ni fournir une liste exhaustive.
Les descripteurs, qui ont été validés empiriquement dans le cadre de projets à grande échelle, aident à harmoniser les programmes d’études, l’enseignement et l’évaluation. Ils apportent de la transparence à l’enseignement des langues et aident à clarifier la façon dont les utilisateurs/apprenants progressent dans les niveaux du CECR. Les descripteurs peuvent être utilisés à de nombreuses fins, comme dans l’analyse des besoins, la « signalisation » des objectifs du programme d’études, la planification des modules et des leçons, la transmission de l’information sur les objectifs aux apprenants, l’établissement de buts personnels, la documentation des réalisations et l’autoévaluation (Piccardo et North, 2019).
Exemples de descripteurs illustratifs :
Peut suivre, dans les grandes lignes, de courts et simples échanges sociaux, s’ils sont prononcés très lentement et clairement. (Réception – Compréhension orale, A2)
Peut résumer (en langue B) l’essentiel de ce qui a été dit dans une conversation (en langue A) sur des sujets d’ordre général ou personnel à condition que les participants s’expriment de façon claire et dans une langue standard. (Médiation – Traiter un texte à l’oral, B1) |